COMMUN·E·S D’ENSUÈS-LA-REDONNE

Communs Négatifs

La sécurité à Ensuès La Redonne est un sujet qui nous concerne toutes et tous. Lors de la réunion sur la sécurité du 14 avril 2025 à la mairie, la gendarmerie a relaté les tapages, les dégradations, la consommation de stupéfiants. Les habitant.es ont ajouté les problèmes de stationnement, les horaires des barrières pour réglementer les calanques, la présence de paddle et bateaux dans les zones de baignades ou proches du bord de mer et quelques autres soucis. Néanmoins, les dictionnaires nous rappellent ce qu’est la sécurité. Physiquement, la sécurité est l’état d’une situation présentant le minimum de risque et psychiquement, la sécurité est l’état d’esprit d’une personne qui se sent tranquille et confiante. Pour l’individu ou un groupe, c’est le sentiment (bien ou mal fondé) d’être à l’abri de tout danger et risque.

Par rapport à cette définition nous voulons éveiller la communauté sur d’autres problèmes de sécurité collective importants. Ils s’appellent « communs négatifs », dans le sens qu’ils sont l’opposé des biens communs. Ces communs négatifs sont les conséquences négatives, les résidus et les vestiges de deux cents ans de croissance industrielle, et d’innovations technologiques, dont nous devons nous soucier.

Je vais les citer dans l’ordre de vitesse de leur éventuelle manifestation sécuritaire et j’esquisserai quelques suggestions pour contribuer à notre niveau à leur atténuation ou leur disparition.

Le premier commun négatif est le nucléaire. Dans le dernier bulletin des scientifiques en physique nucléaire, ces chercheurs nous alertent que nous sommes à 89 secondes de l’apocalypse. Ce bulletin, fondé par Albert Einstein en réaction de l’usage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, nous prévient sur les risques imminents d’une guerre mondiale nucléaire, qui en quelques secondes ferait disparaître toute vie sur terre. Ces scientifiques nous disent que nous n’avons jamais été si proches de cette apocalypse nucléaire. Les états dotés de bombes atomiques sont en train d’augmenter leurs capacités dévastatrices. Des pays dotés d’armes nucléaires sont actuellement en guerre. Des nouveaux états s’arment en bombes nucléaires. Les centrales nucléaires, ingrédients clés pour produire des bombes et cibles privilégiées en cas d’attaques, prolifèrent. Que faire ici et maintenant ? Arrêtons d’acheter de l’électricité issue des centrales nucléaires et tournons-nous vers la production locale d’électricité, développons des jumelages avec des villes dans des pays victimes de la guerre, rejoignons toutes les initiatives pour contrer tous les va-t-en-guerre et l’industrie militaire.

Le deuxième commun négatif est la pollution de l’air que nous respirons. Trois minutes sans air respirable et nous sommes morts. Selon une vaste étude de Santé publique France, la pollution de l’air serait responsable, chaque année, de 40 000 nouveaux cas d’asthme chez l’enfant, de 10 000 accidents vasculaires cérébraux, de 78 000 nouveaux cas d’hypertension artérielle, 40 000 décès en France. A Ensuès, cette pollution est chronique et les sources principales sur notre territoire sont Biotechna, Carrière Lhoist, et Barjane. Mais l’air polluée ne s’arrête pas aux frontières. Nous avons l’aéroport de Marignane et ses avions, le port de Marseille-Fos et ses bateaux, les sites pétrochimiques de Martigues-Etang de Berre, ArcelorMittal à Fos sur Mer, etc…sans compter le cumul des micro-pollutions en continus liés à nos habitudes quotidiennes liés aux transports, au chauffage etc. Que faire ici et maintenant ? Arrêtons d’alimenter Biotechna avec nos boues d’épuration et nos déchets verts. Arrêtons de minéraliser notre environnement avec les produits et sous produits de la Carrière Lhoist, comme l’acier et le béton, et préférons des produits bio-sourcés comme le bois. Arrêtons d’acheter des produits Decathlon qui arrivent de l’autre bout du monde en camion sur le site de Barjane.

Le troisième commun négatif concerne l’eau que nous buvons. Trois jours sans eau et nous sommes morts. Notre eau potable arrive des alpes et fait des centaines de km avant de sortir de notre robinet. Nous sommes tributaires de centaines de milliers d’autres habitants assoiffés et autant de sources de pollutions qui nous précèdent le long de cette chaîne d’approvisionnement. A titre d’exemple, 43% des échantillons d’eau du robinet testés par la cellule investigation de Radio France et le réseau France Bleu, contiennent des PFAS, appelés aussi polluants éternels. Des molécules chimiques qui s’accumulent dans l’organisme et peuvent avoir un effet néfaste sur la santé. Les scandales ciblant Nestlé montrent que l’eau en bouteille n’est pas épargnée. Que faire ici et maintenant ? Aujourd’hui, l’eau qui tombe sur la commune est, la plupart, évacuée dans la mer en quelques minutes et pourtant si préservée sur place elle nous serait suffisante pour nos besoins essentiels. Arrêtons donc de la jeter à la mer et stockons-la sur place, en facilitant son infiltration et en construisant des bassins de rétention.

Le quatrième commun négatif concerne notre nourriture. Trois semaines sans manger et nous sommes morts. Notre nourriture est de moins en moins produite sur place. Sur Ensuès il nous reste la chèvrerie Moutoux qui, toutefois, n’amenant plus ses chèvres pâturer, reste complètement dépendante de fourrage qui vient d’ailleurs. Du champ à l’assiette, il n’y avait qu’un pas, il y a désormais des milliers de kilomètres. Les Français réalisent désormais 75 % de leurs achats alimentaires en grande surface 22, contre 5 % en 1970. Que faire ici et maintenant ? Il y a deux emplacements réservés pour la création de deux bergeries sylvopastorales et environ 16 ha de terres agricoles qui attentent à être mise à culture sur le territoire municipal.

Voilà quatre exemples des problèmes de sécurité majeurs auxquels nous sommes confrontés (risque de guerre nucléaire, d’air irrespirable, de manque d’eau potable et de nourriture) et qui mériteraient beaucoup plus d’attention et d’actions.


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